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Alain Vernon -ex-grand reporter à Stade 2, sur France Télévisions- offre à ce site sa deuxième contribution. On le sait grand spécialiste du football, mais il est aussi un remarquable connaisseur de l’histoire des Jeux Olympiques. Il nous le démontre avec ce texte qui allie le sport aux faits divers et à l’insolite.
Le plus grand événement sportif de ce début de 21ème siècle aura lieu à Paris du 26 juillet au 11 août 2024.
Paris accueille, en effet, les 30èmes Jeux Olympiques de l’ère moderne. Des Jeux rénovés par le
baron Pierre de Coubertin
en 1894 et dont la première Olympiade fut attribuée, tout naturellement, à Athènes, la capitale grecque, en 1896.
En plus d’un siècle, Paris aura accueilli trois fois les J.O., comme Londres (1908-1948-2012) et Los Angeles (1923-1984 et ville hôte en 2028). Et pour
Paris : 1900, 1924 et 2024. Il faut dire que les candidatures de 1900 et 1924 furent le choix de
Coubertin. Car après son décès, en 1937, la France n’avait jamais retrouvé les Jeux d’été.
Cent ans plus tard, 2024 est donc l’occasion de fouiller le passé des Jeux parisiens.
En 1900, les Jeux sont noyés dans l’Exposition universelle, entre le 14 mai et le 28 octobre. Cinq mois d’épreuves ouvertes même aux scolaires et aux professionnels, où les
compétitions côtoient les
concours les plus divers. Ainsi, ce concours de pêche à la ligne pour 600 candidats sur l’île des Cygnes, celui du tir au canon de 75 au polygone de Vincennes ou l’épreuve de
croquet pour les dames.
Les Jeux de 1900 passèrent presque inaperçus. Les 50 millions de visiteurs de l’Expo furent en effet davantage attirés par le trottoir roulant du Trocadéro, la Tour Eiffel, à peine âgée de onze ans, la construction du métro ou les débuts du cinéma, qui offre les premières images des Jeux Olympiques.
La France de
la Belle Époque est aussi régulièrement conviée sur
l’aérodrome d’Issy-les-Moulineaux, devenu l’héliport Valérie André, pour assister aux exploits des pionniers de l’aviation, Clément Ader où Henry Farman.
Ces premiers Jeux parisiens sont éclatés un peu partout dans la capitale et sa banlieue. L’athlétisme à la Croix Catelan à Boulogne, le cyclisme sur piste à
la Cipale de Vincennes, l’escrime aux Tuileries, l’équitation Place de Breteuil, le tennis à l’île de Puteaux ou le marathon qui longe les fortifications. Les Français découvrent aussi le golf à Compiègne et la voile au Havre.
Vingt-quatre ans plus tard, Coubertin a fait son œuvre et va profiter pleinement de ses derniers Jeux à la tête du
CIO (Comité International Olympique). La grande fête olympique revient à Paris, au cœur des Années folles. Désormais, les Jeux sont de vrais Jeux, entre le 5 et le 27 juillet 1924, avec 44 nations présentes et plus de 3000 athlètes, logés pour la première fois dans un village olympique. On a construit le grand stade de 60 000 places à
Colombes, l’endroit le plus couru par la foule et les intellectuels comme Giraudoux, Montherlant, Valéry ou Claudel. Pour cette 8ème Olympiade, on adopte aussi la devise « Plus vite, plus haut, plus fort ».
La nombreuse délégation américaine s’est installée au château de Rocquencourt dans les Yvelines. Les Français découvrent l’athlétisme avec les Finlandais et leur héros Nurmi. Mais aussi la belle amitié des Britanniques Abrahams et Liddell, devenus célèbres grâce au film de Hugh Hudson,
« Les Chariots de feu », sorti en 1981. À la piscine à ciel ouvert des
Tourelles, ils assistent au sacre du double champion olympique,
Johnny Weissmuller, futur Tarzan.
En 1924, la France s’illustre en escrime, dans un Vel d’Hiv surchauffé, avec l’or de Roger Ducret au fleuret. À la Cipale avec le titre sur piste de Michard et Blanchonnet. Avec le colosse
Charles Rigoulot en haltérophilie ou le lutteur Henri Deglane. Tandis que l’équipe des Enfants de Neptune de Tourcoing remporte le tournoi de water-polo ! Et Pierre Coquelin de Lisle, à la petite carabine à 50m, revient en or de Reims. Si le polo se joue à St Cloud et l’aviron se déroule sur le bassin d’Argenteuil, le tir à la cible au camp de Mourmelon et les épreuves à l’arme de chasse à Versailles, Issy-les-Moulineaux accueille, aux Épinettes, le
tir aux pigeons. Non pas vivants comme en 1900 mais d’argile... Entre le 21 et le 29 juin, quatre nations sont engagées. Les Américains gagnent la dernière épreuve par équipes aux J.O., devant le Canada et la Finlande. Victoire du Hongrois Gyula Halasy dans l’épreuve individuelle. Le tir individuel aux pigeons d’argile fut supprimé du programme olympique après les Jeux de Mexico en 1968.
Aujourd’hui, il ne reste plus rien du stade des Épinettes où se déroulèrent les épreuves car le site fut enseveli lors de la
catastrophe du 1er juin 1961. Ce jour-là, à la limite de Clamart, en bordure de la rue Courbarien, plusieurs maisons et des immeubles, ainsi que six rues et le stade, s’effondrent en quelques instants, sous l’effet de pluies diluviennes. Bilan :
vingt et un morts,
une cinquantaine de blessés et 200 sinistrés.
Construites en partie sur d’anciens puits et des carrières de craie utilisées jusqu’en 1925 pour la fabrication de la chaux de Meudon, ces habitations ont été englouties par
un affaissement brutal de six hectares sur une hauteur de deux à quatre mètres. Une catastrophe qui valut aux maires d’Issy et Clamart, dès le lendemain, une lettre du Général de Gaulle, où le président de la République s’engageait au versement d’une contribution personnelle de 20.000 francs de l’époque, pour secourir les victimes de ce drame qui a marqué l’histoire de la ville d’Issy.
Les
sites des Jeux de 2024 resteront intacts longtemps, espérons-le ! Issy n’est pas site officiel mais reste « Terre de Jeux ». « Notre ville » (Issy) accueillera notamment les entraînements des volleyeuses italiennes et japonaises à la Cité des Sports.
Le volley, comme le handball, le tennis de table et l’haltérophilie se dérouleront à l’Arena Paris Sud, à la Porte de Versailles, le plus proche pour les Isséens.
Aux Jeux citoyens !
Alain Vernon
Ex-grand reporter à Stade2 (1982-2020)
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