Jacques Blociszewski

Les médias et le sport

Développer l’esprit critique, éclairer ce qui doit l’être…

Bonjour à toutes et tous !

 

Ceci n’est pas un blog. Je n’aurais ni le goût ni l’énergie (j’ai 72 ans) de le modérer. En outre, ce que je lis des réactions sur les sites, et pire encore, à l’occasion, sur les réseaux sociaux me dégoûte, en général. Je n’ai aucune envie de patauger dans ce marais où règnent bien trop souvent la bêtise et la haine.

 

Je tiens cependant absolument à échanger avec ceux d’entre vous que les sujets « Sport et médias » et « Journalisme de sport » intéressent.

 

Pour de véritables débats 

Il faut le savoir : ces thèmes-là ne sont quasiment traités nulle part de façon critique -intelligemment critique, s’entend-, sinon sur le formidable site cahiers du football animé par Jérôme Latta. Je dois beaucoup à Jérôme.

Il m’a ouvert largement le site des Cahiers et j’ai pu y publier une vingtaine de textes, dont beaucoup incluent des statistiques que j’ai établies sur la réalisation télévisuelle des matchs de foot. Le Monde, Le Monde diplomatique et Libération, trois remarquables journaux, m’ont publié en tout une trentaine de fois mais la source, ces dernières années, s’est tarie. Signe de la « Culture de l’annulation » (préférable à cancel culture) ? Il ne fait pas bon, aujourd’hui, aller contre le conformisme ambiant et les lieux communs…



Les véritables débats de fond sur le sport dans les médias n’attirent pas grand monde. Par ailleurs, ni le Figaro, ni les « news », ni les grandes chaînes de télévision, ni les chaînes d’info en continu (à l’exception de BFMTV-RMC avec l’Afterfoot), ni une radio comme RTL, n’ont été intéressés de me faire intervenir. Pendant ce temps l’arbitrage vidéo -dont je suis un des rares spécialistes- était partout sur les ondes, non pas sous la forme de vrais débats mais de bavardage superficiel et de polémiques faciles. 



Vouloir conduire une critique des médias cohérente et sensée est presque impossible en France, tout particulièrement lorsqu’il s’agit de la télévision et plus encore du sport, exclusivement considéré par les grands médias comme un objet de divertissement et de lourds investissements financiers. En gros c’est « Pas touche aux médias ! » et surtout « Pas touche à la télévision ! », qui est en réalité le maître du jeu, tant des médias que du football. Relativement récemment et dans la grande presse, seul Libération m’a publié, le 8 juillet 2019, sur la VAR au foot, cet arbitrage vidéo qui m’occupe depuis 25 ans -heureusement pas à temps plein… 


J’ai été journaliste d’entreprise pendant trente ans, à côté de Paris, mais, à titre personnel, j’ai toujours été passionné par le journalisme de sport, le football et les médias. 

Je suis l’auteur de cinq livres : « Le match de football télévisé », Editions Apogée, 2007, épuisé. Je l'ai mis à jour en grande partie en 2022, et en version augmentée, avec deux livres : "Comment la télévision a asservi le football" et "La mauvaise farce de l'arbitrage vidéo (VAR)", tous deux chez Librinova, ainsi que "Mort à la VAR !" (2023), petit livret militant contenant de nombreux arguments pour "éradiquer l'arbitrage vidéo". Egalement : « Arbitrage vidéo : Comment la FIFA tue le foot », Editions de L’Ara, 2019. Ce dernier ouvrage, autoédité, est disponible sur Amazon.fr et Fnac.com.

Pour le site livresdefoot.com, ce livre est « Un ouvrage d’utilité publique et tous les acteurs du monde du football devraient le lire ». Il ne doit donc pas être si mauvais…

 

Comme je l’ai dit, ceci n’est pas un blog. Vous pouvez en revanche, naturellement, réagir à ce que vous lirez sur ce site en m’écrivant dans sa zone « Contact ». Je serai heureux -et bien sûr avec l’accord de l’auteur du texte- de publier ponctuellement une contribution qui me semblera intéressante et constructive. 


Je vous dis à bientôt car je compte bien nourrir abondamment ce nouveau site. 

 

Avec mes amitiés sportives et avant tout journalistiques

 

 Jacques Blociszewski 


4 mars 2025
Chers amis, Vous vous demandez peut-être comment contribuer à l'amélioration de notre société à la dérive et disons-le carrément, en train de devenir infecte. Eh bien commencez donc par la conversation ! Avez-vous remarqué que, disons huit fois sur dix, quand vous parlez de vous à quelqu'un, même une minute, la réponse qui vous revient est quelque chose comme : « Ah, c’est comme moi, mon chien fait pareil » ou bien : « J'ai un cousin qui… » ou encore « Ma tante ne fait pas de vélo, mais par contre… ». Et là, c'est parti pour cinq longues minutes, ou bien plus si vous ne faites rien. Mais pourquoi ? Eh bien, et pardonnez-moi, chers amis, mais pour une fois je vais utiliser un langage terriblement trivial : parce que votre interlocuteur n'en a strictement rien à foutre de vous et que seule sa petite personne l'intéresse. Eh oui. Or ça, ce n'est pas ce qu’on appelle une conversation, car une conversation implique d' écouter l'autre avant de parler soi-même. Chacun son tour. Essayez et vous verrez que vous aimerez ça, si d'aventure vous faites partie aujourd'hui de ces mécréants de bas étage qui interrompent systématiquement leurs vis-à-vis et ne parlent que d'eux. Réintroduire un peu de civilisation dans la barbarie de notre époque, c’est par exemple apprendre à regarder et écouter l'Autre, plutôt que l'ignorer ou pire encore l'insulter. Mes amis, conversons, parlons-nous vraiment ! A lire absolument : le superbe livre de Pierre Sansot, Le goût de la conversation , Desclée de Brouwer, 2003. Photo : MabelAmber
par Jacques Blociszewski 18 novembre 2024
13 novembre 2024
Jeux Olympiques et Paralympiques Un public français survolté et chauvin Pendant les Jeux Olympiques et Paralympiques "Paris 2024", certains discutaient pour savoir si le comportement du public français relevait du chauvinisme, du patriotisme ou du nationalisme… Quiconque a assisté à ces Jeux -par ailleurs inoubliables- aura constaté à quel point les Français se sont livrés à un véritable délire d'encouragements à leurs représentants. Je suis allé trois jours à Paris pendant les Paralympiques et je l'ai vu et entendu de mes propres yeux et oreilles. Un exemple parmi d'autres, le pongiste Clément Berthier opposé à l'Ukrainien Nikolenko. Le public de la Porte de Versailles ne faisait pas qu'applaudir les points marqués par le Français, il applaudissait aussi les fautes de l'Ukrainien. Et c'est là qu’est le problème (un des problèmes). Aller encourager ses champions inclut-il à la fois le salut de leurs exploits et les erreurs de l'adversaire -parfois il est vrai provoquées par son propre champion, mais pas toujours. On peut aimer le carnaval, se peindre en tricolore -les joues surtout- agiter des milliers de drapeaux mais aussi peut-être aimer un peu le sport… Au fond, pourquoi pas ? Une joie ambigüe Faut-il pour autant montrer autant de Schadenfreude , disent les Allemands (quasi intraduisible en français : mauvaise joie, joie malsaine, ressentie devant le malheur des autres) ? Autant d' excitation exacerbée , personnellement, m'épuise et même m’écoeure. Il faut en plus savoir que ce soutien assourdissant, à la limite de l'obligatoire (bonjour Orwell et son décidément incontournable 1984) n’est ni naturel ni spontané. Non il est littéralement orchestré par des ambianceurs . Tony Estanguet, par ailleurs formidable organisateur de ces Jeux semblait bien se réjouir d'avoir engagé mille (!) de ces ambianceurs sur les Jeux Olympiques et les Jeux Paralympiques. Avant chaque début de session l'ambianceur de service vient face aux tribunes expliquer au public comment montrer qu'il est là : par le clapping , les hurlements de joie etc. Les Allez les Bleus ! résonnent eux tout naturellement, sans besoin de mode d’emploi. Ils n’en sont pas moins abrutissants. Contre les étrangers ? Certes ceci n'est pas nouveau ; il suffit par exemple de voir l'horrible l'évolution des matchs de Coupe Davis en tennis, avec des joueurs étrangers jetés aux fauves. Mais cette organisation méthodique des soutiens, et donc des émotions, fait peur. Apparemment, dans les évaluations, le patriotisme incarne des valeurs positives : on est patriote parce qu'on aime son pays et qu'on le fait savoir. Mais aimer son pays veut-il dire ne pas aimer les autres ? Nous avons traité dans notre texte précédent des attitudes et des propos résolument partisans et profrançais des commentateurs (journalistes ?) de France Télévisions. Nous ne dirons pas des comportements des commentateurs de la télé et du public français qu'ils n’ont été que patriotes. Ils n'ont pas seulement été pour les Français, ils ont souvent été contre leurs adversaires étrangers. Ceci est resté dans des limites raisonnables mais c'est indéniable. Chauvinisme paraît plus adapté pour caractériser ce parti pris assumé pendant les épreuves, comme lors des fêtes hallucinées au Club France à La Villette, en l'honneur des médaillés français. Le chauvinisme, lui, revêt une connotation négative que n’a pas le patriotisme. Reste le nationalisme . Ce terme peut aussi s'appliquer à ces Jeux Olympiques, quoiqu'en disent certains. Mais le nationalisme est plus large. On y pense davantage pour caractériser une guerre, des positions politiques, que pour du sport. Il n'empêche.  Quel "esprit olympique" ? Les Jeux Olympiques 2024 ont bien été -aussi- une fête nationaliste, à l'intérieur d'une immense manifestation -les Jeux Olympiques de l'Antiquité à nos jours- censée représenter une philosophie universaliste et une trêve, une période de paix. Vouloir la défaite de l'autre autant, voire plus, que la victoire des siens n’y correspond pas. Malgré la beauté époustouflante de bien des moments de ces Jeux (cf. notamment la brillantissime cérémonie d'ouverture) il faut ici renvoyer au formidable livre d' Olivier Villepreux « Feu la flamme » (Gallimard, 2008), qui décrit parfaitement la dégénérescence de l'olympisme. Los Angeles réussira-t-il le même miracle que Paris, c'est-à-dire nous faire croire à nouveau à ces moments magiques ? Il faudra déjà voir le comportement des télévisions américaines et du public américain… L'exemple d'Atlanta 1996, avec un traitement quasi unilatéral de NBC en faveur des champions américains, ne nous incite pas à l'optimisme. Un sport où l'on encouragerait ses champions sans délirer et sans se réjouir des fautes de l'adversaire est-il encore possible ? Trouverait-on là tellement de satisfaction en moins que l’actuel festival de chauvinisme ? La question est posée. Photo : Jackmac34
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