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Pour

Un journalisme de sport libre et courageux


« Un climat de terreur » : c’est ce que rapporte le site du journal Le Monde le 18 décembre 2020 (Aude Dassonville) à propos de la chaîne Canal+. Le licenciement du journaliste de sport Stéphane Guy, quinze jours plus tôt, a fait l’effet d’une bombe au sein d’une chaîne télé réputée pour son impertinence (cf. notamment Les Guignols de l’Info). S.Guy avait, selon la direction, «utilisé l’antenne » de Canal+  pour affirmer que son collègue, «l’ami Sébastien Thoen » (lui-même licencié auparavant pour une parodie de CNews) n’avait pas eu «la sortie qu’il aurait méritée ». Il lui avait ensuite souhaité « bon vent ».

La chaîne est la propriété du groupe Vivendi, dont Vincent Bolloré est le premier actionnaire. L’évolution plus que musclée provoquée dans les médias par le pouvoir de M. Bolloré a été illustrée très clairement par ce licenciement, qui fut suivi de plusieurs autres, après que 148 salariés ont signé une pétition en faveur de Sébastien Thoen. 

 

Entre déloyauté envers son employeur et salutaire liberté d’expression des  journalistes, l’équilibre n’est pas -n’a jamais été- facile à trouver. Mais on a pu voir à cette occasion dans quelle direction penchait la balance. Comme le dit lemonde.fr, c’est « la peur d’une parole cadenassée » qui domine parmi les salariés de Canal.

 

Cet exemple extrême et redoutable ne doit pas masquer le fait que c’est depuis des décennies que les journalistes de sport en télévision sont d’une regrettable et monotone conformité. Dans le cadre de mes recherches sur « football et télévision » ainsi que sur la VAR,  j’ai été en contact avec bon nombre de ces journalistes. J’ai donc pu constater en direct, dans le réel, cette absence de  prise de risque.

 

Que ce soit du côté de France Télévisions ou de la plupart des réalisateurs de foot, exprimer un point de vue sur son propre travail, comme donner la parole à des experts extérieurs présentant un avis critique m’est apparu insurmontable à leurs yeux. Ce silence pesant et cette absence de démocratie sont particulièrement dommageables de la part d’un service public de télévision. Ils n’ont pas attendu l’arrivée de Bolloré pour se manifester.

 

Les origines de cette peur sont multiples et nous aurons l’occasion dans un prochain texte d’y revenir en détail. Il ne s’agit pas ici de nier les contraintes qui pèsent sur ces journalistes ni la pression qu’ils subissent.

 

Notre « POUR » d’aujourd’hui sera toutefois celui-ci : dans l’intérêt du public comme des médias concernés eux-mêmes, nous sommes

 

POUR

Un journalisme de sport libre et courageux !

 

 

13 septembre 2021
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