On le sait et on le voit : le public du Tour de France est un danger pour les coureurs. Cela s’est confirmé le 26 juin, en Bretagne, lorsqu’une spectatrice brandissant une pancarte, dos tourné au peloton semble-t-il (!), a provoqué une chute massive. Plusieurs coureurs ont dû abandonner à cause de leurs blessures.
« Le sport », au fond, est-ce que cela existe ? Il est multiple, bien sûr : sports individuels et collectifs, sédentaires ou itinérants, amateur et pro, sport du pratiquant et sport du spectateur/téléspectateur, haute compétition et sportifs du dimanche… Il n’y a pas jusqu’à la mode qui ne soit désormais imprégnée par le sport, devenu mode de vie autant que détente et divertissement, jadis ponctuel, maintenant quasi-permanent. Qu’y a-t-il de commun entre une compétition d’escrime à Levallois-Perret et un France-Allemagne de foot à Munich ?
L’utilisation de la télévision pour y être vu et faire passer des messages ne peut pas être ignorée. C’est évidemment à la télé qu’était destiné le message presque fatal dont nous parlons ici. La « spectatrice », apparemment, ne regardait même pas la course, de même qu’à l’Euro de foot, des milliers de fans grimés et costumés regardent autant l’écran géant (où ils espèrent se voir) que le terrain. La télévision le sait et elle partage ce jeu avec le public du stade.
Au sein des sports itinérants, la question se pose depuis longtemps de la sécurité des spectateurs -et des coureurs, donc- par exemple pour les rallyes automobiles qui, comme le Tour de France, se déroulent sur la voie publique.
On reste effaré de voir les risques que prennent les spectateurs et qu’ils entraînent pour les coureurs du Tour, parfois entrevus quelques secondes seulement, après avoir été longuement attendus : un peloton, sauf en montagne, ça passe très très vite. Malgré tout, portant drapeaux, pancartes et bouteilles d’eau, des gens risquent leurs vies pour cela.
On se doute que les organisateurs font le maximum pour limiter les accidents, mais c’est un fait : l’accès aux routes et aux coureurs mêmes est quasiment libre. Le contraste avec les sports sédentaires est frappant : un France-Ecosse de rugby au Stade de France est encadré, rivé sur place pendant quelque 80 minutes (plus 15, 20, 30). Le contrôle d’éventuels dérapages y est forcément plus simple -bien que difficile- que sur une étape du Tour et ses deux cents kilomètres… Le Tour de France, lui, fuit sans cesse d’un bout de l’horizon à un autre, ce qui fait d’ailleurs partie de ses magnifiques originalités et attraits visuels, tant les paysages de nos régions sont superbes.
Un rappel à la responsabilité du public tuerait-il son enthousiasme ? Une chose est sûre : être coureur du Tour de France -et des grandes « Classiques » du cyclisme- est une entreprise hasardeuse et même effrayante à plus d’un titre. Les spectateurs-trices à pancartes, qui peuvent faire tomber les coureurs comme des quilles, ne sont qu’un aspect, mais non des moindres, de cette insécurité qui y plane.
Tous droits réservés | Delphacréa