Parallèlement, le journal donnait la parole, à partir au moins de 2002, à de nombreux acteurs du foot et de la télé. L’auteur de ces lignes n’a pas été oublié (quatre mini interviews, dont une, excellente, faite par Didier Braun) mais toujours à la portion congrue et écrasé sous l’impact énorme des titres et de l’avis du journal et des pro vidéos.
Sur l’arbitrage vidéo dans le football, nous avons relevé trois grands dossiers de ce quotidien, en 2002, 2005, 2009.
De nombreux autres articles sur le sujet ont constamment émaillé les pages du journal. Ce n’est pourtant qu’en 2009 que L’Équipe se décida à formuler des propositions, après le tollé provoqué par la main de Thierry Henry : un encadré modeste et quelques lignes plutôt creuses, ne donnant qu’une bien vague idée de ce qu’allait être l’application de la future VAR. La profondeur de sa réflexion n’avait pas dû étouffer la rédaction pour accoucher de cette œuvre collective mais minimaliste…
Ou bien alors c’est le service marketing qui a poussé très fort à la roue pour que le quotidien s’aligne sur une opinion publique très peu et très mal informée sur le sujet. Si ce n’est pas le marketing mais bel et bien la rédaction qui a librement produit ce projet, c’est encore pire : elle n’aurait en effet alors même pas l’excuse de l’opportunisme, d’un souci des ventes et de santé financière. La rédaction et la direction de L’Équipe portent une vraie responsabilité dans le passage et l’acceptation de la VAR, dont on voit aujourd’hui les dégâts qu’elle cause dans le football.
Avec le passage au réel en 2017 puis avec les Coupes du monde 2018 et 2019, L’Équipe se retrouva face à une VAR claudiquant, avec une cascade de polémiques, un Mondial féminin 2019 catastrophique et une série impressionnante de problèmes, tant dans les grands championnats européens qu’en Ligue des champions.
Même une figure réputée majeure du journal comme Vincent Duluc n’y avait vu que du feu -ou n’avait voulu y voir que du feu. On reste stupéfait de constater à quel point un journaliste et romancier-auteur de talent (Cf. son dernier livre sur Carole Lombard et Clark Gable) peut écrire si bien sur le cinéma en étant aveugle pour un dossier touchant directement au football, à l’image (télévisuelle) et à l’évolution générale de ce sport.
Rattrapé par le réel et les calamiteux problèmes posés par la VAR, le journal-référence retourna alors sa veste et critiqua la vidéo illico -brûla- ce qu’il avait soutenu mordicus -adoré- des années durant. Mais comme en catimini…
Croyez-vous que L’Équipe reconnaîtrait son erreur ? Que non ! Tout en attaquant la VAR au coup par coup, ils semblent s’être réveillé d’un mauvais rêve, celui qui l’avait entraîné pendant si longtemps à soutenir un système contraire au football et donc anti-Équipe, car il est clair que c’est le foot qui fait vivre cette publication. Incompétence ? Aveuglement ? Volonté suicidaire ? Le phare rayonnant de notre presse sportive n’a rien reconnu ni expliqué.
C’est peut-être beaucoup demander à un journal si influent de faire un mea culpa. Mais pourquoi pas ? Il s’en dégagerait un sentiment d’honnêteté, de respect et de confiance envers ses lecteurs qu’il ne veut aujourd’hui pas nous offrir. Cela prouverait aussi que L’Équipe a retenu la leçon et qu’à partir de maintenant, promis juré, il réfléchira vraiment avant de se lancer dans une campagne de propagande. Ce serait une grande nouvelle. Nous attendons… Sinon, la prochaine fois que le quotidien se lancera dans une grande cause, faudra-t-il le croire ? La crédibilité d’un journal est chose fragile.
Enfin, la question qui tue : qu’en pensent ses lecteurs ? Dans quel univers veulent-ils vivre ? Si c’est un monde où personne n’est responsable de quoi que ce soit et où ce qui est écrit dans un journal est oublié le lendemain, alors, avec L’Équipe, ils ont ce qu’il leur faut. A ce jour, on n’a pas lu beaucoup de protestations contre les errements de ce titre sur la VAR…
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