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Marre de l'OM !



Le journal L'Equipe nous vend du vent. Et le vent, entre autres, c'est l’OM. Il y a quelques mois par exemple, le quotidien faisait pour la 100e fois sa « une » sur l'OM cette fois proclamé "flambant neuf". Le club phocéen était en effet jugé « en construction », avec notamment une nouvelle attaque.


L'enjeu ? Convaincre vraiment enfin et, côté compétition, affronter le Panathinaïkos (Grèce) en… 3e tour préliminaire de la Ligue des Champions (août 2023, l’OM éliminé aux tirs au but). Oui vous avez bien lu : troisième tour préliminaire ! Cette absurdité stupéfie déjà quant à ce que ce que sont devenues les compétitions européennes. Entre tous ces préliminaires en LDC, La Ligue Europa et la Ligue Europa Conference, plus personne n'y comprend rien, sinon que que tout cela n'a plus de sens. Si l'OM était une équipe qui mérite qu'on parle autant d'elle, elle n'aurait pas à se livrer à ces farces. Elle serait championne de France et voilà. Mais elle ne l'est pas et depuis un moment (2010) !


Un club girouette

Reste à savoir pourquoi une équipe pareille, qui change tout le temps et n'arrête pas de décevoir après avoir suscité des espoirs fous -avec de gros coups de mains de L'Equipe !- pourquoi une équipe pareille, donc, a droit à autant de « unes » du seul quotidien de sport en France. Soyons honnêtes, le PSG, avec longtemps un bilan accablant en LDC -si on tient compte de ses fabuleux moyens- est lui aussi très gâté par ce journal. Ainsi, le lendemain de la « une » sur l'OM « flambant neuf », nous eûmes bien sûr droit au PSG, à Mbappe et Luis Enrique. Il ne faut vexer personne… 


Mais sinon, pourquoi ? Parce que l'OM a gagné la seule Ligue des Champions « française », en 1993. Cela fait tout de même trente et un ans ! Les Anglais, Allemands, Italiens et Espagnols, qui en ont gagnées tellement, doivent bien rigoler. Alors quoi ? Évidemment le marketing. Si L’Equipe donne massivement de l'OM à ses lecteurs, c'est sans doute qu'ils en veulent. Étude après étude, il faut croire que l'amour d'une partie de la population pour ce club girouette aux pieds d’argile ne se dément pas. 


Ici deux choses :

-soit les études marketing du journal ne sont pas fiables et les questions sont posées de façon biaisée. Nous avons vu tellement n'importe quoi en matière de sondages qu’il est normal de formuler cette interrogation. 


-soit, si les Français aiment vraiment ce club, pourquoi l'aiment-ils ? Vaste question… Pour son instabilité et ses échecs répétés semble être la réponse la plus vraisemblable, joints au clinquant, au mythe de l'argent qui coule à flots ? Plus une sorte de mauvaise réputation, liée à la renommée de la ville : L'OM comme « bad boy » ? Mais alors cela voudrait dire que les Français aiment l’échec, le tape-à-l'oeil et les magouilles plus que le succès. Si l'OM raflait titre sur titre et nous régalait d'un jeu magnifique, on comprendrait mieux mais là…


Sous perfusion médiatique

L'image du tamagotchi (animal de compagnie virtuel japonais) vient à l'esprit : ces pauvres petits, il faut s'en occuper jour et nuit, sinon ils tombent malades et meurent. L'OM est un club sous perfusion médiatique. En matière de foot, c'est un tamagotchi à la française. On le garde bien au chaud, on le nourrit avec les unes de L'Equipe, on fait croire que c'est un grand club, qu’il rivalise avec le PSG (qui d'ailleurs, au vu de ses résultats, est plutôt un club moyen dans le haut niveau européen). Tout ça n'est qu'illusion.


Le jour où l’OM sera performant dans la continuité, sur des bases saines et aura de vrais résultats -et pas en préliminaires de préliminaires de la LDC-, très bien, alors promis juré, j’achèterai un maillot de l'OM (et je suis parisien !). À bon entendeur… Mais quand l'OM sera bon, tout le monde s'emmerdera, non ? Et que deviendra L'Equipe ? 


Dans un texte précédent et controversé, j'affirmais : « Non, un match de foot n'est pas une histoire"

». Cet article -sur cahiersdufootball.net, le 1er octobre 2019- était une sorte de ballon d'essai, histoire de tâter le terrain. Je ne prônais pas pour autant un football « pur », comme il me l'a été reproché (une telle chose n'existe évidemment pas) mais un football où le terrain et le jeu l'emportent sur l'environnement médiatique, qui confine souvent à la fiction. 


Ce n'est pas pour autant qu'un match ne se situe pas dans un contexte donné (état de forme des équipes, position dans le classement, nombre de joueurs blessés, intox précédant les matchs…) mais un contexte ne fait pas un récit ni une histoire. 

Au niveau professionnel, tout match important, ou même juste de Ligue 1 de milieu de tableau fait l'objet d'une construction médiatique l'emphase, les métaphores et les supputations à l'infini -trois des grands fléaux actuels des médias- relèvent plus de l'imaginaire diffusé par le journal que de la réalité sportive. 


L'exemple de Benfica-OM

Prenons exemple de l'article de L'Equipe précédant le match de quart de finale de l'OM en Ligue Europa à Lisbonne contre Benfica (avril 2024, l’OM vainqueur aux tirs aux but). Titre : « Un grand soir pour rêver ». Ici on trouve une double référence : le « Grand soir », allusion claire à la Révolution, le grand soir, ce mythe révolutionnaire mis à toutes les sauces ; c'est-à-dire : on va tout changer, tout chambouler. L'Equipe n'a pas dit: « une grande soirée ». Ou « un grand match ». Non, il va chercher l'imaginaire de la révolution sociale. Et pour quoi faire ? Pour rêver !


Le rêve est un leitmotiv quasi permanent dans L'Equipe. Mais qui rêve ? Nous ? Les joueurs marseillais ? Un titre courant dans le journal , avant un match très important est l’injonction : « Faites-nous rêver ! ». Dans ce cas c'est nous les rêveurs. Mais rêver à quoi ? Devenir champions du monde à la place des Bleus ? Penser à autre chose qu'à nos quotidiens souvent gris (ou : « le sport comme échappatoire »…) ? 


On voit bien que L'Equipe construit consciencieusement les matchs qui s'annoncent. Et en s'éloignant souvent du réel. Ainsi l'OM est-il qualifié dans le texte en question de « grand d’Europe », aux côtés de Benfica, deux fois plus titré toutefois. Un « grand », donc comme le Real, Liverpool, la Juve, Barcelone, le Bayern, Manchester United aux palmarès infiniment supérieurs ? L'Equipe ne se contente pas de nous présenter un match, il le monte en épingle, le met en scène, le glorifie d'avance, quitte à l’oublier le plus vite possible si les choses tournent mal. 


Toujours plus loin du réel

Le foot-spectacle a atteint un tel degré de cette construction par les médias qu'il finit par susciter l'écœurement. Plus on construit tout un roman autour d'une équipe ou d'un match, plus on s'écarte du réel ; c'est ce que je tentais de dire laborieusement dans « Non, un match de foot n'est pas une histoire ! ». On en ressent d'autant plus la fraîcheur et le charme simple d'un match de National ou de juniors, non télévisé, vécu « en vrai » : non mis en scène, et absent des médias. Là, rien n'est construit, sinon la tactique et le style de jeu des équipes. La réalité de l'OM en ce 11 avril, avant Lisbonne, était « une série noire de quatre défaites, l'infirmerie qui ne désemplit pas, un retard accumulé en championnat (9ème !), un psychodrame autour des supporters marseillais », dixit L’Equipe. 


Depuis, la situation s'est un peu améliorée avec les prestations de l'OM en Ligue Europa -à saluer- mais encore une fois la déception était au bout du chemin, contre Bergame. Il arrive donc que l'OM réalise une belle performance, mais globalement parlant c'est avant tout un club girouette et une construction médiatique. Voilà pourquoi nous disons « Marre de l’OM ! ». Non pas tant contre ses fans, qui ont bien le droit de l’aimer, comme ils aiment leur ville, mais parce que certains médias nous le survendent, et que les « unes » de L’Equipe cachent un grand vide et sont une tromperie.   




Photo : emolago


10 juin 2024
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